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Burundi (1)
Je suis allé de nombreuses fois au Burundi, que j’ai progressivement appris
à connaître, grâce notamment à Eric Fleutelot (Sidaction) qui m’a introduit
dans le milieu des ONG des personnes séropositives, l’ANSS, qui y fait un
travail formidable et, en partie méconnu. Ils ont été, dans les années 2003 –
2006 le premier et le seul endroit où l’on pouvait trouver des antirétroviraux,
avant d’être progressivement, et c’est normal, débordés par les structures
étatiques, qui ont beaucoup bénéficié des dons du Fonds Mondial. Quel réconfort
de les voir construire leur propre dispensaire, extrêmement fonctionnel, où
tout a été conçu pour le confort du patient – ou plutôt de la patiente car au
Burundi comme ailleurs, plus nombreuses sont les femmes atteintes. Le
"chemin" suivi par le patient du cabinet de consultation au
laboratoire, puis à la pharmacie, parfois en passant par le service social ou
l'écoute psychologique, tout a été pensé pour qu'il y ait le moins de
croisement possible, tout en renforçant la solidarité des personnes entre
elles.
Ce sont des femmes médecins qui travaillent à l’ANSS, comme ce sont des
femmes qui ont fondé l’association. Je m'étais beaucoup amusé quand elles ont
été nommées assistantes, puis maître de conférences à la Faculté de Médecine,
car personne ne connaissait mieux le Sida qu'elles !
Après avoir été hébergé à peu près n'importe où, case de passage de la
Croix-Rouge, chambre dans le sous-sol de la Résidence de France d'où je ne
pouvais pas sortir, n'ayant pas de voiture, le même Eric m'a fait découvrir ce
charmant hôtel, en plein centre-ville, havre de fraîcheur et de goût, Wifi
toujours disponible, pour un prix abordable.
J'ai surtout séjourné à Bujumbura (Buja pour les intimes), enchaînant
rendez-vous sur rendez-vous, tantôt avec les partenaires d'une maigre
coopération française (biologie du Sida), Ministères de la Santé et du Sida,
tantôt partenaires – càd responsables des autres coopérations. Les différents
ambassadeurs de France ont toujours préféré la police, la douane et, bien sûr
le sempiternel apprentissage de français aux problèmes de santé et j'ai rarement
eu de bons contacts avec les services de coopération à Bujumbura, en général
plutôt surpris de ma présence qu'à l'origine de ma venue …
J'ai donc un souvenir particulièrement ému d'un séjour dans le sud du pays.
Nous étions venus avec une équipe de la Fédération de la Croix-Rouge pour aider
la Croix-Rouge burundaise à identifier une situation de catastrophe
nutritionnelle dans l'Est et le Sud du pays. Comme toujours dans ces cas-là, la
mission commence par un tour d'horizon rapide, d'abord avec les responsables de
la Croix-Rouge nationale, préoccupés par la situation, mais sans beaucoup de
moyens d'intervention – une "remise à plat" récente de la société
nationale avait vu beaucoup de départs. Nous voyons aussi le chef de mission du
Haut-Commissariat aux réfugiés (la situation concernait surtout la situation
des personnes revenues récemment au Burundi depuis la Tanzanie où ils étaient
réfugiés depuis bientôt vingt ans pour certains d'entre eux. Le chef de
mission, un guinéen fort sympathique, nous explique que le HCR assure la
préparation au retour, puis le transport jusqu'à un point de rassemblement au
Burundi, puis l'acheminement vers aux points de dispersion, en général proche
de leur ancienne résidence, où la famille restée au pays est censée les
attendre pour les quelques kilomètres finaux. Dans les points de rassemblement,
les familles se voient allouer un sac de cinquante kilos de riz, censé assurer
la nourriture pour la famille pendant au moins six mois, jusqu'à la saison des
récoltes prochaine, ou que le chef de famille trouve un emploi.
Nous partons donc vers le Sud du pays en longeant des rives du Lac Tanganyika,
zone qui, deux ans auparavant étaient le lieu de combats entre l'armée
régulière et les forces rebelles, hutues pour la plupart et qui s'opposaient à
l'accord de paix qui, d'après eux, faisait la part trop belle aux anciens
maîtres tutsi du pays. En final, ils se rallieront aux accords de paix, sans
avoir négocié quelques avantages …
Nyanza-lac est la ville la plus au Sud du pays, près de la frontière avec
la Tanzanie et en face de la RD Congo qui occupe toute la rive Ouest du Lac (il
est très large et on devine à peine la rive opposée. Il existe à Nyanza une
plaque en l'honneur de la rencontre de deux expéditions anglaises lors de la
découverte de l4afrique de l'Est – puis de sa colonisation, une troupe partie
du Malawi actuel, l'autre de Dar Es Salam, capitale économique de la Tanzanie.
Après Nyanza, nous rentrons dans l'intérieur du pays, d'abord sur le plat,
puis lors d'une grande montée encombrée d'hommes sur des vélos portant quatre à
six bidons de 20 litres d'essence, qu'ils vont vendre plus loin. Ils montent
tant qu'ils peuvent, puis finissent à pied le quelques vingt kilomètres de
montée. Ils sont une bonne centaine à monter, et autant de l'autre côté qui
dévalent la pente à une vitesse vertigineuse, qui finit souvent dans le fossé,
lors d'une épingle à cheveu où ils n'ont pas pu freiner. Notre 4x4 monte en
seconde, doucement …
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Débarquement des impedimenta
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Nous arrivons à Makamba, ville-centre de la province du Sud, grosse
bourgade assez banale, pas beaucoup d’attraits ; Nous y voyons le
responsable locale du HCR, un sénégalais jovial, avec qui nous allons boire un
coup au café-restaurant local (les similitudes culturelles sont importantes
entre un algérien, un sénégalais et un français, le café en est une). Un convoi
d’anciens réfugiés arrive demain matin et je suis invité à assister aux
opérations de retour.
Je couche donc dans un caravansérail local, force cafards, moustiques
(heureusement, j’ai une moustiquaire avec moi) et cabinet de toilette qui sent
la pisse. On y survit, bien que je n’ai pas demandé où était le petit déjeuner
le lendemain matin, réveillé par le Muezzin à 5 heures du mat, puis par les
démarrages des camions qui stationnaient à proximité vers 6 heures. Bref,
j’étais debout bien tôt !
Avec l’équipe HCR, nous nous rendons sur la frontière, à flanc de montagne,
vue splendide sur la montagne, le Lac au loin, brouillard qui se lève, frisquet
quand même, on est à 1200 mètres d’altitude. Après deux heures d’attente,
arrivée d’un, puis deux, puis une bonne quinzaine de camions du HCR, bourrés
jusqu’à craquer d’objets recouverts de bâches au sigle du même HCR. Puis une
vingtaine de bus pleins de personnes, femmes et enfants en majorité, qui
descendent pour effectuer les formalités de rentrée au Burundi, qui vont assez
vite, j’imagine que les listes avaient été préparées à l’avance.
Le convoi, assez imposant repart, sous escorte, sur la route des crêtes,
poussière rouge de latérite à volonté, il commence à faire chaud. Nous arrivons
un eu à l’écart du village suivant, dans un vaste ensemble de baraquements en
tôle ondulée, ouverts sur les côtés, grillagés pour certains, sous les autres
de lignes séparées, visiblement préparées pour des files d’attente assez longues.
Enregistrement par village de destination, séances d’explication de la
suite des événements, mises en garde sur l’accueil au village d’origine,
questions-réponses, puis agitation pour la distribution des sacs de nourriture
et autres commodités (vaisselle sommaire, repas de midi.
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